Saint Gingolph - La Chapelle d'Abondance
1ère étape St Gingolph – La Chapelle d’Abondance samedi 8 juillet 2017
18km ,1900m D+, 1200 D-
Partis à 6h15 de Thonon en bus nous arrivons à 7h00 à St Gingolph. Cette route nous la connaissons déjà puisque l’année dernière nous avions empruntés le même trajet en bus, on traverse Evian le long du lac puis la quinzaine de kilomètres coincés entre la montagne et le lac jusqu'à Saint Gingolph. Ce n'est vraiment pas évident de rejoindre Saint Gingolph.
Nous rejoignons le départ du GR5 en marchant le long du lac Léman, nous discutons avec un pêcheur qui nous montre le fruit de sa pêche matinale : une dizaine de belles perches. Quelques photos au bord du lac là où commence la grande traversée des Alpes puis nous attaquons la montée à 7h15, plus de 1500 mètres de D+ pour arriver au col de Bise. Nous partons d’un bon pas, à la sortie de St Gingolph au niveau du parc accrobranche nous entrons dans une forêt le long de la morge, long passage avec le bruit incessant du torrent jusqu'au croisement de la route ensuite nous pressons le pas à travers champ car nous sommes attaqués par un régiment de taons qui nous suivra jusqu'au cimetière en contrebas de Novel. Et nous arrivons à Novel 1h15 après notre départ, nous nous arrêtons au bar en bas du village un bon ¼ d’heure, nous sommes en nage il n’est que 8h30 et il fait déjà très chaud. L’année dernière nous avions mis 2 heures pour atteindre Novel, peut être sommes-nous partis un peu vite !!! La patronne du bar semble dépassée avec 3 clients en terrasse. Nous continuons notre route jusqu’au parking des planches (1200m) toujours d’un bon pas, mais je suis déjà bien entamé physiquement et l’ascension proprement dite n’a pas encore commencée. Elle commence d’ailleurs guère après, le long d’un petit ruisseau à sec, le chemin se raidit, le soleil cogne plus fort encore, le souffle devient court nous entrons dans le bois sous les sapins l’air est plus frais, mais la pente n’en n’est pas moins raide, nous faisons une pause dans un lacet, 5 minutes pas plus au souvenir de l’année dernière, car c’est là que nous avions dû faire demi-tour.
Une petite photo, un coup d’eau et nous repartons dans l'inconnu, toujours sous les sapins le chemin me parait plus raide encore, enfin nous sortons du bois et nous marchons dans les rhododendrons le sentier est toujours aussi raide et les premiers doutes m’envahissent : vais-je pouvoir aller au bout ? le sac à dos semble peser une tonne, je transpire à grosses gouttes, les mollets et les cuisses me brulent à chaque pas, enfin après un léger replat nous arrivons aux chalets de Neuteu à 1700 mètres d’altitude. Nous nous arrêtons pour une pause casse-croute, à l’ombre d’un chalet. Je suis vidé, à ce moment je pense sincèrement que le défi est trop élevé pour moi et qu’il n’est même pas sûr que j’aille jusqu’à La Chapelle d’Abondance. Entre le saucisson et le fromage nous voyons passer un jeune randonneur devant nous, il a l’air très chargé lui aussi. 10 mn plus tard nous le voyons au loin en plein effort dans ce qui semble être un mur en plein soleil, notre jeune randonneur semble être au moins aussi entamé que nous. Nous repartons en plein cagnât dans la pente toujours aussi raide, je n’ai plus qu’un objectif, arriver au sommet de ce fichu col !!! nous rejoignons le chemin en provenance de Thonon l’autre départ du GR5 et le nombre de randonneur est du coup beaucoup plus important. J’aperçois sur le bord du sentier un sac à dos seul et personne autour, je suppose que le gars est parti derrière un rocher pour une envie pressante. Fabrice marche une vingtaine de mètres devant moi et me crie on y est !!! enfin on y est je pose le sac à dos, le col est étroit, quelques autres randonneurs sont aussi au sommet dont un groupe inquiet de ne pas voir arriver l’un des leurs. Je récupère, je suis exténué, à ce moment-là je pense sérieusement que la randonnée va s’arrêter ce soir. Il est midi on est parti depuis 5 heures environ, je regarde une dernière fois le lac Léman si loin tout au fond, de l’autre côté du col, les cornettes de Bises, le fond de la vallée avec les chalets de Bises ou l’on doit se rendre pour aller manger à l’auberge des cabrettes et avant ça boire un demi qu’on s’est promis depuis l’année dernière.
Le début de la descente semblait périlleux, et il l’est…après 5 heures de montée j’ai mal au jambe et la descente ne fait qu’accentuer la douleur. Nous arrivons enfin dans un replat où nous traversons un troupeau de vache avant d’arriver aux chalets de Bises. On pose les sacs, on les jette devrais-je dire !!! et direction le comptoir pour 2 demis, aussi tôt commandés aussitôt bus, ah les amis quelle récompense ! Mais douche froide au moment de commander à manger « vous n’avez pas réservé ? on n’a plus rien. » A force d’insister et devant notre détresse la patronne consent à nous apporter une assiette de charcuterie que nous dévorons rapidement. Pendant ce temps on amène un type qui ne tient plus debout, on l’allonge sur un banc nous reconnaissons le groupe qu’on avait doublé en haut du col de Bise, une femme de la bande à priori médecin le prend en main, le type n’est autre que le propriétaire du sac à dos qui était posé dans la montée du col de Bise. Ses amis l’ont aidé depuis le sommet du col jusqu’à l’auberge, bonjour le calvaire !!! après une bonne heure de pose nous repartons direction le pas de la bosse, 300 mètres de dénivelé, une bagatelle pour des types qui ont montés plus de 1500 mètres de dénivelés le matin ? Pensez-vous !!! cette ascension a été terrible pour moi… la pente est très raide, en plein soleil, et je n’ai pas récupéré de la montée du matin, j’y met toute mon énergie et enfin je me hisse au sommet, je me débarrasse du sac à dos et reste tétanisé, impossible de bouger la jambe gauche, je reste quelques minutes comme ça ou je bois beaucoup, on entend une sirène de camion de pompier en direction de l’auberge des cabrettes, on se doute pourquoi c’est ! Après une dizaine de minutes de repos je récupère, les jambes répondent enfin, je me sens d’attaque pour la descente.
On repart en même temps que 2 autres randonneurs dont le jeune homme que nous avions vu en baver vers les chalets de Neuteu ce matin. On discute, il est suisse des environs de Lausanne il a 25 ans s’appelle Julien et part pour faire tout le Gr jusqu’à Nice et effectivement il était à la peine ce matin dans le col de Bise, il m’avoue aussi qu’il était à une centaine de mètres derrière nous dans le pas de la Bosse et qu’il était incapable de nous rattraper. L’autre randonneur est aussi Suisse il s’appelle Cédric, à 40 ans, vient de Genève et part pour une quinzaine de jour sur le GR5, par contre il voyage beaucoup plus léger que nous trois car il dort en gite ou refuge à chaque étape donc pas de matelas ni tente ni duvet. Son sac à dos pèse 6 kilos alors que les notre dépassent les 15 kilos, il semble aussi un peu plus expérimenté que nous en montagne. La descente se passe plutôt bien, elle est roulante et permet à l’organisme de récupérer. Nous arrivons à La Chapelle d’Abondance en moins de 2 heures toujours sous une chaleur étouffante. Ils prévoient des gros orages dans la soirée, cela nous inquiète, nous décidons d’aller à l’office de tourisme pour voir s’il n’existe pas un abri ou dormir dans La Chapelle d’Abondance. Nous sommes gentiment accueillis par une jeune hôtesse qui trouve une chambre d’hôte pour Cédric et après réflexion téléphone au diacre pour voir si on peut nous ouvrir le presbytère, celui-ci s’empresse de venir nous chercher pour nous installer à 500 mètres de l’office de tourisme dans le presbytère. Nous le remercions chaleureusement et nous installons dans la grande pièce à l’abri des intempéries à venir. En attendant vu qu’il fait toujours aussi chaud nous décidons d’aller nous laver dans le torrent à quelques centaines de mètres de notre logement providentiel. Julien vient avec nous, nous trouvons un endroit facilement accessible avec une petite plage de galets, on se met en caleçon et on essaye de rentrer dans l’eau …heu comment dire ? elle est fraiche !!! Julien s’y jette d’un coup sans réfléchir et s’allonge entièrement dans les 50 centimètres d’eau, quelques secondes plus tard Fabrice l’imite sans hésiter lui aussi et disparait sous l’eau. Après beaucoup plus de tergiversation je me jette également à l’eau, un peu de savon, un coup de rinçage et vite dehors. Mais quel bien être, des vêtements propres et secs, nous sommes revivifiés.
Un peu plus tard nous retrouvons Cédric au petit supermarché du coin pour les courses du lendemain, il faut anticiper pour les 2 prochains jours jusqu’à Samoëns, un petit déjeuner et au moins 2 repas même si on espère trouver quelques ravitaillements en chemin. 2 saucissons, 1 bon bout de fromage d’Abondance quelques compotes et des barres céréales cela devrait aller,de plus Fabrice a en réserve au fond du sac quelques potages soluble. On s’inquiète à la boulangerie d’à côté de connaître l’heure d’ouverture demain matin, 7h00 ? parfait demain on fera le petit déjeuner à la boulangerie et on achètera le pain pour 2 jours. Le ravitaillement effectué nous nous dirigeons vers le bar en face histoire de partager tous les 4 une bonne « Binche ». Nous allons ensuite au restaurant sans Julien qui préfère piocher dans ses réserves. Repas tranquille à l’hôtel restaurant « l’ensoleillé », avec Fabrice nous commandons une Bertou (c’est du fromage fondu avec des patates, quelle imagination ces savoyards !!!) ensuite nous rentrons retrouver Julien au presbytère qui vient de se coucher, nous l’imitons, guère après nous entendons l’orage grondé…

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