La Chapelle d'Abondance - col de Bassachaux

2^ème étape La Chapelle D’Abondance – col de Bassachaux dimanche 9 juillet

13 km 1300m, D+ 500 D-

Nous sommes réveillés peu après 6h00, mais nous mettons presque une heure à lever le camp, entre la toilette, l’habillage, et le rangement des différentes affaires qu’il faut bien ordonner dans le sac à dos… enfin nous voilà prêt on quitte le presbytère, vraiment heureux d’avoir trouvé cet abri surtout lorsque nous avons entendu l’orage au milieu de la nuit, bref …mais intense !

A la boulangerie nous retrouvons Cédric, pour partager café et croissants et nous partons vers 8h00, 1 bon kilomètre de plat le long de la Dranse avant d’attaquer la montée vers les Mattes 1000 mètres de dénivelés. Même si je redoute un peu ce col je suis beaucoup plus confiant qu’hier en fin d’étape, les courbatures sont supportables, la nuit a été sommes toute assez bonne et la rencontre avec nos amis suisses plus la soirée d’hier (bain dans le torrent et restaurant) m’ont redonné le moral.  Juste au début du col nous passons devant une cascade et une tente de rando plantée là, les occupants semblent dormir encore, puis nous attaquons sérieusement à monter, dans les bois le chemin est agréable, la température est idéale et malgré quelques passages très pentus l’ascension se passe bien, il y’a des passages de plat ou presque qui permettent de récupérer, la montée est divisée en trois parties à peu près égales, une première dans les sous-bois jusqu’au chalet des Crottes, une deuxième qui se partage entre bois et pâturages jusqu’au chalet de la Torrens qui est en vérité une étable pour les vaches à l’estive, on entend le bruit des trayeuses j’en profite pour faire le plein d’eau au robinet d’un abreuvoir, la troisième étape est à découvert entre alpage et cailloux jusqu’au sommet que nous atteignons après 3 heures d’ascension.

De l’autre côté du sommet nous nous retrouvons au milieu des vaches dans un grand champ à perte de vue, nous voyons également sur la droite le mont de Grange et sur la gauche au loin de l’autre côté de la vallée les pistes de ski de Chatel. La météo n’est encore pas bonne, des orages sont annoncés pour cette après-midi et en soirée, pourtant le ciel bien que chargé ne semble pas menaçant malgré une petite ondée insignifiante durant notre casse-croute que nous avons fait en descendant après les Mattes. Nous repartons avec comme objectif d’arriver au col de Bassachaux, nous nous arrêtons faire le plein d’eau dans un torrent avant de monter une côte que je n’avais pas repérer sur le plan, je me fais chambrer bien sûr, le chemin est large facilement accessible en 4/4 ensuite une longue partie de plat ou faux plat descendant avant d’arriver à Lenlevay ou nous nous abreuvons dans une fontaine, guère plus loin alors que nous marchions en toute quiétude nous avons vu le ciel devenir noir et le vent se lever d’un seul coup , le temps d’enfiler nos ponchos ,l’orage grondait et la pluie en suivant s’abattait sur nous…

 Nous marchions sous la pluie en file indienne d’un bon pas presque à courir, le large chemin plat est devenu petit sentier montant et détrempé, on cherchait un abri et finalement on trouvait un sapin qui nous permettait de se protéger de la pluie, un randonneur attendait déjà là, il nous fit un peu de place et on se serrait à 5 accroupis sous notre arbre une bonne dizaine de minutes en attendant la fin de l’orage. L’autre randonneur était Suisse également. Dès l’accalmie on repartait pour une courte ascension d’un petit quart d’heure dans la boue et l’eau qui ruisselait sur le sentier suite à l’orage. Nous arrivons au col de Bassachaux vers 15h00/15h30. Il y’a au sommet du col un chalet qui est un bar restaurant avec une terrasse couverte que je remarque de suite. Cédric veut continuer sans tarder pour atteindre rapidement le refuge de Chesery ou il a réservé un lit, de là il faut compter un peu plus d’une heure de marche. Je réussis à convaincre Fabrice et Julien de voir avec les patrons du restaurant si on peut dormir ici sur la terrasse car il me semble que sur le parcours il n’y’aura ensuite que peu de chance de trouver un abri pour la nuit. Cédric repart accompagné de l’autre type qu’on avait trouvé sous le sapin alors que l’horizon se bouche et que la pluie et le brouillard qui monte de la vallée semblent imminent, on se croirait au mois de novembre !!! Fabrice est prêt à rentrer le mauvais temps lui sape le moral.

                Finalement on entre dans le bar boire 3 pressions, et les propriétaires nous accordent bien volontiers le droit de dormir sur leur terrasse surtout nous disent-ils qu’on annonce de violents orages pour cette nuit. Il n’est même pas 16 heures, nous commandons une assiette de charcuterie et de fromage que nous n’arriverons même pas à finir, quelques bières en plus, la patronne nous fait goûter une de ses spécialités qu’elle a préparées pour des clients anglais : du sauté de porc aux pruneaux !!! Un régal !  Nous profitons d’un moment ou l’horizon s’est dégagé pour s’émerveillé devant le paysage, de Bassachaux on a une superbe vue, d’un côté le lac de Montriond au fond dans la vallée en direction de Morzine, en face de nous le mont de Grange, c’est de là d’où nous venons, tout au loin on voit même la ferme au sommet du col des Mattes ou nous étions ce matin, de l’autre côté la vallée de Chatel avec ses remontées mécaniques et au-delà la Suisse.

                A 19h00 le bar ferme et nous nous retrouvons tous les 3 sur la terrasse sans bières… On installe notre campement, on essaye d’étendre notre linge mouillé sur les chaises, les ponchos sont suspendus aux poutres, les semelles de chaussures sorties, mais en vérité rien ne sèchera, le temps est triste comme un jour de novembre et au moins aussi humide. On étale nos matelas sous les tables, Fabrice nous prépare une soupe qui sera notre seule collation du soir (faut dire qu’on avait tapé fort dans l’assiette de charcuterie au milieu de l’après-midi), on a un évier à disposition derrière le chalet, on en profite pour faire un brin de toilette. Dans le brouillard on voit arriver une voiture, 2 types qui en sortent et partent dans la montagne, devant notre mine interrogative, ils nous répondent qu’ils vont passer la soirée au refuge des Tinderets, je regarde sur la carte , effectivement je trouve le refuge à environ ¾ d’heure de marche d’où nous nous trouvons, il est plus de 20 heures, on dirait que la nuit va tomber sous peu, en tous cas peu de visibilité, par moment le brouillard recouvre le col de Bassachaux, l’orage menace … Bon courage !

                Nous nous couchons avant 21 heures et dehors il semble déjà faire nuit. L’orage tombera pendant au moins 2 bonnes heures. Nous sommes heureux d’être au sec.