Refuge de Moëde Anterne - col du Brévent et retour à la maison.

5^ème étape refuge de Moëde Anterne – Le Brévent Planpraz mercredi 12 juillet

8 km 800 D+, 800 D-

La nuit c’est relativement bien passée, malgré la dureté du sol et mes ronflements d’après Fabrice. Réveillés vers 6 heures aux aurores, nous sommes maintenant bien rodés pour ranger nos affaires seul le pliage de la tente est une nouveauté mais cela ne posera pas de problème. A 7 heures petit déjeuner pris toilette faite nous nous mettons en route, l’étape d’aujourd’hui est la dernière c’est aussi la plus courte 500 mètres de descente et une dernière montée de 800 mètres pour arriver au col du Brévent. Nous passons devant le refuge ou peu de gens sont réveillés, Cédric n’est pas près, nous partons sans lui. La descente est très jolie, des petits ruisseaux à traverser plusieurs fois mais la douleur à mon genou gauche est de plus en plus persistante et il me tarde d’être en bas. Nous descendons à un bon rythme cependant car nous doublons 2 randonneurs british.  Un moment d’inattention et je mets le pied droit dans le vide me retrouvant allongé sur le ventre sur le sentier étroit avec le ravin en dessous, plus de peur que de mal mais je me promets plus de concentration à l’avenir. Nous arrivons en bas de la descente matérialisée par le pont de l’Arlevé, une passerelle démontée à chaque automne et remontée au printemps suivant. Elle est construite sur un torrent tumultueux et marque le pied du col d’Anterne d’où nous venons et le pied du col du Brévent ou nous allons. Donc nous voilà au pied de la dernière ascension de notre périple, après une petite barre de céréales et un coup de flotte, je propose à Fabrice et Julien de monter à leur rythme et de se retrouver au sommet.

                Le début de l’ascension est assez raide et je vois s’envoler mes deux collègues, rapidement la montée se fait beaucoup moins dure, plutôt en faux plat, le parcours est agréable on voit sur le versant en face le refuge ou nous avons dormi cette nuit et le col d’Anterne avec la barrière des Fiz au-dessus. Devant moi j’aperçois encore par moment Julien mais Fabrice a disparu de mon écran radar. Je fais une pause, je suis rattrapé par Cédric qui décide de faire le reste de la montée avec moi. Le reste de cette montée justement est beaucoup plus ardu, Cédric me parle mais je n’ai pas envie de lui répondre je suis concentré sur mon effort. Le sentier est maintenant en lacet avec des passages plutôt techniques il n’y a bientôt plus de végétation que des cailloux, nous croisons un groupe de randonneur qui font le chemin inverse de nous, moyenne d’âge : 75 ans. Je m’inquiète pour eux en sachant les passages difficiles qui les attendent surtout en descendant même si le groupe ne semble pas novice. Je suis rassuré un peu plus haut en voyant ce que les sexagénaires avaient déjà franchis. Le paysage devient complètement minéral avec un névé en dessous de moi dans une gorge à l’ombre. J’arrive au col pour découvrir un des plus beaux panoramas qui soit ! En face le Mont Blanc qui apparait régulièrement entre 2 nuages, tout le massif d’ailleurs s’offre à nous, on voit les différents glaciers que je ne saurais pas nommer, en dessous Chamonix 1300 mètres plus bas et sur notre droite le sommet du Brévent avec son téléphérique vertigineux … et juste devant moi assis et visiblement frigorifié Fabrice qui m’attend depuis une demi-heure. Il a mis 2 heures pour faire l’ascension du col du Brévent.

 Alors qu’on devait pousser jusqu’au sommet du Brévent et redescendre jusqu’aux Houches, il me dit qu’il en a marre qu’il est gelé et qu’il veut descendre, j’abonde dans son sens, moi aussi j’en ai plein les bottes, j’ai mal au genou et la perspective de devoir faire une descente de 1500 mètres m’angoisse un peu. On casse la crôute une dernière fois et puis on quitte nos amis Suisses, une poignée de main sans vraiment prendre conscience que l’on ne se reverra certainement jamais, personne ne propose ou n’ose proposé d’échanger un téléphone ou une adresse et nous voilà partis chacun de notre côté je me retourne pour voir au loin une dernière fois Cédric et Julien dans la montée du Brévent.

Avec Fabrice on entame notre dernière descente avec ce sentiment étrange qui mêle d’un côté joie d’en finir et de rentrer à la maison retrouver sa famille et son confort et de l’autre cette tristesse de se dire que notre aventure qu’on préparait depuis si longtemps, 2 ans presque, va prendre fin sous peu. Je réalise aussi qu’on ne saura jamais si Julien a réussi à rejoindre Nice et je m’en veux de ne pas avoir gardé un contact avec eux. Nous croisons beaucoup de monde dans la descente dont un type qui monte pieds nus dans les cailloux, j’en reste scotché !!! Nous mettons environ 30 minutes pour descendre d’environ 300 mètres et rejoindre la télécabine du Planpraz qui nous amène à Chamonix 1000 mètres plus bas.

On traverse le bourg jusqu’à la gare, il fait chaud le centre-ville est noir de monde. On a une demi-heure d’attente pour le prochain train en direction de Annemasse, juste le temps de prendre un sandwich et une dernière Binche en terrasse au troquet du coin et nous voilà parti il est environ 13 heures. Nous arrivons à Annemasse après un changement à St Gervais vers 15 heures, le temps de récupérer la voiture, trouver quelques ravitaillements dans un hypermarché trop grand pour nos petits besoins, nous nous mettons en route vers 16 heures la tête remplie d’images et les discussions déjà tournées vers l’année prochaine en espérant qu’on pourra donner une suite à notre aventure, car le projet initial est de rejoindre Nice au bout du GR5 en 5 ou 6 ans (moins de 30 jours au total). On sait ce qu’on peut améliorer, notamment pour gagner du poids dans le sac à dos car on était un peu trop chargé, pour ma part je compte gagné 2 kilos (une paire de chaussures en moins, un duvet moins lourd, et une tente plus performante et plus légère également).

 On mange dans une cafétéria sur l’autoroute, le temps de passer déposer mon compagnon de randonné je serai de retour à Mussidan avant minuit impatient de raconter mon périple, photos à l’appui, à ma petite famille.